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Rations Evaluer le remplacement de son correcteur azoté par des graines

La ration des ruminants ne doit pas excéder 4 à 4,5 % de matières grasses.

Améliorer l’autonomie protéique de son troupeau en produisant des graines est tentant, mais cela n’est pas toujours intéressant.

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Alors que les prix des tourteaux flambent, produire son soja ou une autre graine de substitution vient naturellement à l’esprit. « Il convient toutefois d’en évaluer l’impact à l’échelle de son exploitation, avertit Bertrand Bluet de l’Institut de l’élevage (1). En élevage de ruminants, la voie la plus efficace pour améliorer l’autonomie protéique reste celle des fourrages. » D’après les résultats des exploitations du Centre, 1 ha de lupin ne produit pas autant de matière azotée qu’un blé. La luzerne avec trois, quatre, voire cinq coupes apporte plus de protéines que l’ensemble des cultures de l’exploitation. Les graminées comme le RGI ou le dactyle fournissent aussi des quantités intéressantes lorsqu’elles sont exploitées au bon stade.

L’incorporation des graines dans les rations doit par ailleurs respecter quelques règles. Les oléagineux (soja, colza, tournesol, lin) sont utilisables après transformation. « Pour les ruminants, le taux de matières grasses ne doit pas excéder 4 à 4 ,5 %, ajoute Bertrand Bluet. Attention, le pois et la féverole sont riches en amidon, ce qui implique de vérifier l’équilibre global de la ration. La graine de lupin, en revanche, ne contient pas d’amidon, mais la réussite de la culture est aléatoire, notamment en raison de sa sensibilité au gel. »

Améliorer la digestibilité

Le point fondamental pour les ruminants est de s’assurer de la teneur des graines en protéines digestibles (PDI). « En PDI, un pois est à peine plus riche qu’un blé », rappelle l’expert. D’où l’intérêt du toastage qui a pour but d’augmenter cette digestibilité.

« Il s’agit d’un procédé thermique, explique Alice Berchoux de l’Institut de l’élevage. De l’air à 280 °C est propulsé sous les graines. Le but est de les chauffer à cœur à 100 °C pour provoquer la réaction de Maillard et protéger les protéines des dégradations ruminales. » La conséquence, c’est donc une meilleure teneur en PDI et un taux de MS supérieur qui améliore la conservation. La chaleur détruit les facteurs antinutritionnels, ce qui est intéressant surtout pour les monogastriques et les jeunes ruminants.

« Des essais de toastage des féveroles réalisées dans l’Ouest de la France ont montré que les PDIE passaient de 101 g/kg de MS pour la graine crue à 130 g/kg de MS pour les graines toastées. La DE1 ou dégradabilité enzymatique est quasiment diminuée de moitié. Elle passe de 72,7 à 40,9 », note Alice Berchoux. La teneur en PDIE reste beaucoup plus faible que celle présentée dans les tables de l’Inrae (207 g de PDIE pour de la féverole toastée). « Les conditions de toastage sont déterminantes sur les valeurs, ajoute-t-elle. Beaucoup de toasteurs mobiles circulent de ferme en ferme. D’où l’intérêt de faire analyser ses graines après le passage du prestataire. »

L’utilisation de graines de soja toastée en remplacement de tourteau de colza a été étudiée au lycée Fontaines (Saône-et-Loire). Elle a aussi été testée en remplacement de tourteau de soja au lycée de la Barotte (Côte-d’Or). La substitution a amélioré la production laitière dans les deux cas, mais les taux, protéique et butyrique, ont été dégradés, ce qui a entraîné une baisse du prix de vente du lait et une diminution de la marge alimentaire de 8 à 25 € par 1000 litres.

Si les bénéfices environnementaux ou agronomiques de la technique sont réels, la rentabilité économique et à évaluer en fonction du cours des céréales et des oléoprotégineux. La charge de travail supplémentaire pour la conduite de la culture, le toastage ou le broyage est également à prendre en compte.

(1) Conférence Cap protéines au Salon de l'herbe et au Space. Une autre est prévue au Sommet de l'élevage le 5 octobre de 12 h 30 à 13 h. Salle 5.

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